l'intérieur de la nuit
Ayané a quitté son village pendant trois ans pour aller étudier en France. Elle y retourne pour revoir sa mère qui agonise. Mais elle y est reçue comme un étrangère, le pays est en guerre et, une nuit, le village est envahi par des miliciens. Ceux-ci demande au villageois d'offrir un de leurs jeunes garçon en sacrifice.
Léonora Miano s'est inspirée d'un documentaire sur un garçon tué par des miliciens et offert à manger aux villageois. Dans un style plutôt sec et sans états d'âme, elle relate des faits horribles, parfois insoutenables. Elle ne porte aucun jugement, elle pose des questions et cherche un début d'explication à travers les dialogues entre Ayané et sa tante Wengisané qui essaient de comprendre et décrypter ce qui s'est passé cette nuit-là. Ayané est plus révolté par la passivité des villageois que par la violence des miliciens. Elle refuse d'admettre que les habitants d'Eku aient pu se soumettre uniquement pour sauver leur peau. Sa tante Wengisané tente de lui expliquer les raisons de l'inertie et du fatalisme africain.
Ayané a été élevée en dehors des rites et des traditions ancestrales. Ses années passées en France l'on coupée de sa culture d'origine. Ce retour au village sera pour elle l'occasion d'être confrontée à ses racines.
Après cette nuit, le village se retrouve déserté par ses hommes et aux mains des femmes dont la hiératique et irrascible Ié. Léonora Miano aborde ainsi le rôle et des femmes dans la société africaine.
Un livre pas toujours évident pour son contenu et la fin m'a un peu échappé, mais je l'ai lu presque d'une traite, et il m'a permis d'entrer un peu plus dans "l'âme africaine", ses démons, ses blessures, son "côté obscur"...J'ai eu envie d'en recopier des tas de passages...
Encore une auteure africaine à suivre après Chimananda Ngozie Adichie et Buchi Emecheta.
extrait : "Ils savaient. Tous en avaient mangé. D'un enfant qui compte tenu de leurs valeurs, de leur conception des liens entre les êtres, était le leur. A tous. Leur fils. Leur petit frère. Ils avaient mâché et avlé sans se poser plus de question que ça, parce qu'on braquait une arme sur eux. Parce qu'ils risquaient de mourir. Pas du tout parce qu'ils croyaient à cette connerie de communion, que le gosse vivraient eux et tout ça. Pas du tout parce qu'ils gobaient ces fadaises comme quoi la chair ingérée était comme des graines de lendemains flamboyants semés dans leurs esprits. Les gens d'Eku ne pensaient pas au futur. Ils ne savaient même pas qu'une telle chose existait. Le temps pour eux, c'était le passé qu'on se racontait un peu comme des fables au coin du feu. C'était surtout le présent. Pas le jour, mais la minute présente, celle où il fallait ramasser des brindilles pour le foyer, aller chercher l'eau à la source, couper les feuilles de bananier, déterrer les ignames... Une succession d'actes machinaux à accomplir dans l'unique objectif d'atteindre la fin de la journée. Le crépuscule et le repas du soir, le seul véritable repas de la journée, puisque le matin, on s'envoyait juste quelques restes de la veille au fond l'estomac pour l'empêcher de gargouiller trop fort. Et encore, s'il y avait des restes. Après le repas du soir, on pouvait se parler un peu, à propos de pas grand-chose. Et puis, on se couchait. Lorsque le lendemain arrivait, il n'était plus le futur, mais le présent qu'il fallait se coltiner jusqu'au coucher du soleil. La vie n'était qu'une chose qu'on portait en soi et qu'il fallait affronter chaque jour. On ne faisait jamais de projets d'envergure et, parce que le temps ignorait l'avenir, on pouvait ouvrir la bouche pour croquer du petit homme en imaginant que telle était la volonté de Dieu."
L'intérieur de la nuit, Léonora Miano, Editions Plon, 209p.
Une interview de Léonora Miano
Léonora Miano s'est inspirée d'un documentaire sur un garçon tué par des miliciens et offert à manger aux villageois. Dans un style plutôt sec et sans états d'âme, elle relate des faits horribles, parfois insoutenables. Elle ne porte aucun jugement, elle pose des questions et cherche un début d'explication à travers les dialogues entre Ayané et sa tante Wengisané qui essaient de comprendre et décrypter ce qui s'est passé cette nuit-là. Ayané est plus révolté par la passivité des villageois que par la violence des miliciens. Elle refuse d'admettre que les habitants d'Eku aient pu se soumettre uniquement pour sauver leur peau. Sa tante Wengisané tente de lui expliquer les raisons de l'inertie et du fatalisme africain.
Ayané a été élevée en dehors des rites et des traditions ancestrales. Ses années passées en France l'on coupée de sa culture d'origine. Ce retour au village sera pour elle l'occasion d'être confrontée à ses racines.
Après cette nuit, le village se retrouve déserté par ses hommes et aux mains des femmes dont la hiératique et irrascible Ié. Léonora Miano aborde ainsi le rôle et des femmes dans la société africaine.
Un livre pas toujours évident pour son contenu et la fin m'a un peu échappé, mais je l'ai lu presque d'une traite, et il m'a permis d'entrer un peu plus dans "l'âme africaine", ses démons, ses blessures, son "côté obscur"...J'ai eu envie d'en recopier des tas de passages...
Encore une auteure africaine à suivre après Chimananda Ngozie Adichie et Buchi Emecheta.
extrait : "Ils savaient. Tous en avaient mangé. D'un enfant qui compte tenu de leurs valeurs, de leur conception des liens entre les êtres, était le leur. A tous. Leur fils. Leur petit frère. Ils avaient mâché et avlé sans se poser plus de question que ça, parce qu'on braquait une arme sur eux. Parce qu'ils risquaient de mourir. Pas du tout parce qu'ils croyaient à cette connerie de communion, que le gosse vivraient eux et tout ça. Pas du tout parce qu'ils gobaient ces fadaises comme quoi la chair ingérée était comme des graines de lendemains flamboyants semés dans leurs esprits. Les gens d'Eku ne pensaient pas au futur. Ils ne savaient même pas qu'une telle chose existait. Le temps pour eux, c'était le passé qu'on se racontait un peu comme des fables au coin du feu. C'était surtout le présent. Pas le jour, mais la minute présente, celle où il fallait ramasser des brindilles pour le foyer, aller chercher l'eau à la source, couper les feuilles de bananier, déterrer les ignames... Une succession d'actes machinaux à accomplir dans l'unique objectif d'atteindre la fin de la journée. Le crépuscule et le repas du soir, le seul véritable repas de la journée, puisque le matin, on s'envoyait juste quelques restes de la veille au fond l'estomac pour l'empêcher de gargouiller trop fort. Et encore, s'il y avait des restes. Après le repas du soir, on pouvait se parler un peu, à propos de pas grand-chose. Et puis, on se couchait. Lorsque le lendemain arrivait, il n'était plus le futur, mais le présent qu'il fallait se coltiner jusqu'au coucher du soleil. La vie n'était qu'une chose qu'on portait en soi et qu'il fallait affronter chaque jour. On ne faisait jamais de projets d'envergure et, parce que le temps ignorait l'avenir, on pouvait ouvrir la bouche pour croquer du petit homme en imaginant que telle était la volonté de Dieu."
L'intérieur de la nuit, Léonora Miano, Editions Plon, 209p.
Une interview de Léonora Miano