citoyen de seconde zone

Publié le par Clarinette

Adah n'a qu'un rêve : aller à l'école le plus longtemps possible, étudier et partir au Royaume-Uni. Avec acharnement, elle va tout faire pour le réaliser et ce n'est pas une chose aisé pour une fille, considérée comme tout juste bonne à rapporter de l'argent à sa famille grâce à sa dot. Malgré les pressions familiales elle arrive à poursuivre ses études et  rejoint un jour son mari Francis en Angleterre. Là elle découvre la vie d'une "citoyenne de deuxième classe", que les Blancs qu'on lui avait appris à considérer comme des êtres supérieurs sont "aussi faillibles que les autres", qu'elle ne peut plus compter sur l'aide du clan familial pour élever ses enfants... Mais aussi, petit à petit, elle découvre qu'en Angleterre, elle peut s'assumer entièrement et fait le dur apprentissage de la liberté.
Adah subit tous les malheurs du monde : la pauvreté, la faim, son mari la bat et vit à ses crochets. On pourrait être rebuté par tant de misère. Buchi Emecheta s'est probablement inspiré de sa propre expérience pour écrire ce roman mais, heureusement, Buchi Emecheta sait manier l'humour et l'ironie. Même si parfois Adah fait preuve d'une grande naïveté, on ne peut qu'être séduit par l'intelligence, la ténacité, l'énergie qu'elle déploie pour s'en sortir et s'adapter à sa nouvelle vie.
Un livre à l'écriture simple mais j'y ai souligné de nombreux passages qui m'ont touchée.

extrait : "suppose qu'il n'y ait jamais d'hiver, cette période où toute créature vivante semble disparaître de la surface de la terre, les oiseaux seraient toujours là, ils feraient partie du paysage quotidien et elle n'aurait pas remarqué celui-là ni écouté sa chanson timide. N'est-ce pas cela ce qu'il nous faudrait en Afrique, d'avoir un long hiver où il n'y aurait ni soleil, ni oiseaux, ni fleurs sauvages ni chaleur ? Cela ferait de nous une nation d'introvertis, peut-être, et quand le printemps finirait par arriver, nous saurions tous apprécier le chant des oiseaux. Qu'est-ce que cela veut dire ? La nature n'a-t-elle pas été trop clémente envers nous, en nous privant de la capacité de nous réveiller de notre sommeil tropical pour savoir qu'une chose simple comme le chant d'un oiseau gris, par un lundi matin humide de printemps, était une source d'inspiration ? Était-ce pour cela que les premiers Européens arrivés en Afrique, pensaient que les Noirs étaient paresseux à cause de leur environnement trop luxuriant qui les privait de la capacité de penser par eux-mêmes ?"



Citoyen de seconde zone
, Editions Gaïa, 267p.

Merci à Sylvie grâce à qui j'ai découvert ce livre et cet auteur.

pour en savoir plus sur Buchi Emecheta

Publié dans littérature africaine

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H
Du même auteur je te conseille "les enfants sont une bénédiction" superbe roman!
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C
Merci hervé,  c'est noté !
V
Je note celui-ci qui me tente beaucoup ! Merci Clarinette !
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A
En ce moment, je cogite beaucoup sur l'immigration, ce titre arrive à point nommé.
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C
ce livre a été publié en 1974, mais le sujet reste toujours d'actualité