ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

Publié le par Clarinette

A travers une succession d'anecdotes, Jean Louise (Scout), fait le portrait de son père, Atticus Finch, avocat dans une petite ville d'Alabama qui est chargé de la défense d'un Noir, Tom Robinson, accusé d'un viol sur une femme blanche.
La première moitié du livre est surtout consacrée à la vie quotidienne de Scout et de son frère, Jem, à leurs jeux d'enfants avec Dill, le "fiancé" de Scout. Autour d'eux gravitent des personnages assez pittoresques, des vieilles demoiselles, un voisin mystérieux qui ne sort jamais de chez lui... Le tout raconté avec beaucoup de piquant et d'humour, car Scout est vrai petit garçon manqué qui n'a pas sa langue dans sa poche.
Dans la deuxième partie, Scout relate en détail, le procès de Tom Robinson. La plaidoirie d'Atticus est particulièrement bouleversante.
Scout et Jem vont peu à peu, grâce à leur père, humaniste convaincu, ouvrir les yeux sur le monde qui les entoure.
Un livre sur l'enfance, ses jeux, son apparente insouciance, mais aussi, ses questions, son incompréhension face aux incohérences des adultes qui fabriquent les différences.  Cet épisode les transformera à jamais et d'une certaine façon sera un premier pas vers la sortie de l'enfance.
Ce livre publié dans les années soixante, à l'époque de la lutte contre la ségrégation raciale et pour les "Civil Rights"  a eu un un impact énorme sur le public américain. On comprend pourquoi, car il s'agit d'une véritable ode à la tolérance, à la justice et à l'égalité des droits entre Noirs et Blancs.
Il faut lire également la postface d'Isabelle Hausser qui apporte un éclairage très intéressant sur ce livre et sur son auteur.

extrait : "Quand je vins au monde, Maycomb était déjà une vieille ville sur le déclin. Par temps de pluie, ses rues prenaient l'aspect de bourbiers rouges ; l'herbe poussait sur les trottoirs, le palais de justice penchait vers la place. Curieusement, il faisait plus chaud à l'époque : les chiens supportaient mal les journées d'été ; les mules efflanquées, attelées à leur carrioles, chassaient les mouches à grands coups de queue à l'ombre étouffante des chênes verts sur la place. Les cols durs des des hommes se ramollissaient dès neuf heures du matin. Les dames étaient trempées de sueur dès midi, après leur sieste de trois heures et, à la nuit tombante, ressemblaient à des gâteaux pour le thé, glacés de poudre et de transpiration.
Les gens se déplaçaient lentement alors. Ils traversaient la place d'un pas pesant, traînaient dans les magasins et devant les vitrines, prenaient leur temps pour tout. La journée semblait durer plus de vingt-quatre heures. On ne se pressait pas, car on n'avait nulle part où aller, rien à acheter et pas d'argent à dépenser, rien à voir au-delà des limites du comté de Maycomb. Pourtant, c'était une période de vague optimisme pour certains : le comté venait d'apprendre qu'il n'avait rien à craindre sauf de lui-même.


Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee, Editions Le Livre de Poche.

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N
Beaucoup de choses très intéressantes dans cet excellent roman. Les deux grands sujets évoqués sont le racisme et l'enfance. Il y a en effet de l'humour et un aspect envoûtant qui donne un charme certain au texte. Il y a aussi beaucoup de mystère: pourquoi les enfants appellent-ils leur père par son prénom? Pourquoi le voisin vit-il reclus? Pas de réponse, et c'est finalement mieux comme ça. Je reprocherais seulement la lenteur du début du roman. Mais quel plaisir de lecture.
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P
c'est un très beau livre, une histoire grave racontée avec l'innocence des enfants.
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F
Il faut à tout prix que je le lise celui-là, il fait l'unanimité dans les critiques élogieuses ! ;-)
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C
J'avais entendu parler de ce livre au moment de sa sortie, le sujet a l'air vraiment prometteur. Merci pour ta critique.
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H
Bravo pour ta critique! Je rejoins le commentaire de Philippe. Je suis content que tu aies aimé. <br /> J'ai le sentiment que chaque lecteur conquis par ce livre ouvre une voie vers plus de tolérance. Je sais je suis un peu naif... ceux qui font le démarche le sont sans aucun doute déjà!
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C
Mais non, tu n'es pas naïf. Les livres sont aussi là pur ça. Pour nous ouvrir à d'autres cultures et nous permettre de mieux comprendre le monde...