pourquoi j'ai mangé mon père

Publié le par Clarinette

Roy Lewis a eu l'idée de ce roman alors que le paléo-primatologue Louis Leakey mimait devant lui les hommes des cavernes pour expliquer des gravures rupestres.
Le narrateur est Ernest, fils d'Edouard, qui n'a qu'une obsession : faire évoluer ses congénères. Ceux-ci ne sont pas toujours d'accord. Tous sont sensés être les pionniers de l'humanité, ceux qui ont découvert le feu, les armes, les outils, l'art, l'amour, la cuisine, etc...Ce qui donne un ton comique et décalé à ce livre, c'est qu'il est écrit dans un vocabulaire très contemporain. Alors qu'il viennent à peine d'atteindre le statut d'être humain, les personnages se décrivent eux-même avec le recul des hommes de notre époque et débattent de leur situation comme le feraient des sociologues.
Un livre à la fois drôle, instructif et pédagogique,
sur le passage du singe à l'homme, qui décrit les origines, les fondations de l'humanité, mais qui donne aussi à réfléchir sur l'humanité d'aujourd'hui.

extrait : "L'amour ! Je maintiendrai toujours, si futile que fût en inventions et en développement culturels le moyen pléistocène, qu'une des plus grandes découvertes de ce temps ce fut l'amour. Ca me pris, à l'époque, absolument au dépourvu. En un instant, je fus une créature aussi neuve, aussi fraîche, aussi souple, aussi joyeuse et libre qu'un serpent qui vient de changer de peau. Une libellule aux ailes radieuses après sa longue nuit de chrysalide. Je m'excuse de ces métaphores passablement usées, mais les nouvelles générations n'ont pas connu la merveille insouciante de cette première extase. La jeunesse d'aujourd'hui s'en est trop fait compter, elle sait à quoi s'attendre et elle attend monts et merveilles. Mais moi, personne ne m'avait prévenu. J'étais un nouveau-né. Aussi, quelle métamorphose ! Quel privilège insigne, que d'être le tout premier à vivre une nouvelle expérience humaine ! Et quand, cette expérience, c'est l'amour, imaginez-vous cela ? A présent, l'amour est devenu une sorte de routine, une marchandise de seconde main, même si les jeunes y trouvent encore une humble joie quand il le découvrent au sommet d'une montagne, au coeur de la forêt ou sur le bord d'un lac, il a prid sa place nécessaire dans le processus évolutionnaire -mais, ah ! quand à peine il venait d'éclore pour la première fois !
J'étais trop occupé sur le moment pour éprouver le désir, avoir la force d'analyser la chose. Mais, rétrospectivement, je reconnais que c'est père lorsqu'il nous imposa notre premier refoulement à des fins qu'il croyait purement sociologiques, qui fut involontairement à l'origine de cette éclosion. En entravant nos inclinations les plus faciles, il nous offrit en prime, sans le savoir, ce banquet de sensations inouïes, de fascinantes délices."
 


smil-titcoeur.gifsmil-titcoeur.gifPourquoi j'ai mangé mon père, Roy Lewis, Pocket, 183 pages.

lu aussi par : Wictoria, Papillon, Majanissa, Jules, Kalistina, et bien d'autres encore...

Publié dans littérature anglaise

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J
<br /> J'avais un peu trop d'attentes envers ce livre, ce qui fait que j'ai été légèrement déçue que toi...<br /> <br /> <br />
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C
<br /> J'ai été un peu déçue moi aussi par rapport à ce qu'annonçait la préface.<br /> <br /> <br />
K
<br /> Sympathique souvenir de lecture :-) Mais pas impérissable.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> pareil pour moi !<br /> <br /> <br />