une vie française
Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas emballé pour un auteur français, mais là, vraiment, j'ai trouvé là une sorte de "John Irving" à la française, avec des personnages moins loufoques, peut-être...
Jean-Paul Dubois brosse le portrait de français moyens avec pour personnage principal, Paul Blick, le narrateur. Des années 50 à 2002, on suit également l'évolution de la vie politique française avec son défilé de présidents, de De Gaulle à Chirac.
Paul Blick est sensé être un représentant typique de sa génération. Il passe une enfance morne entre des parents un peu éteints...connaît les joies de la "jouissance sans entrave" des années 70, épouse une femme chef d'entreprise d'un milieu plus aisé que le sien, se retrouve père au foyer. Il observe ses congénères d'un regard désorienté et désabusé, perplexe face à l'évolution du monde dans lequel il vit.
J'ai aimé les passages où Paul Blick se consacre à la photographie des arbres, où il parle de ses parents, de ses enfants... Son regard sur l'humanité est certes amer et désenchanté mais il n'est pas indifférent. Blick est simplement un humain comme les autres : impuissant, un peu lâche, il se débat comme il peut avec les tourments de la vie.
J'ai été moins touchée par les passages concernant la politique française. A vrai dire, je les ai survolés. Ceci dit, ça permet une petite révision sur les différents présidents qui ont dirigés notre pays et sur l'histoire récente de France en général.
Que dire d'autre sinon que ce livre a été pour moi un régal ? Jean-Paul Dubois possède une belle plume, il éclaire ses compatriotes d'une lumière à la fois triste, tendre et ironique.
Sans doute une de mes lectures préférées de cette année...
premières lignes : "Et ma mère tomba à genoux. Je n'avais jamais vu quelqu'un s'affaiser avec autant de soudaineté. elle n'avait même pas eu le temps de raccrocher le téléphone. J'étais à l'autre bout du culoir, mais je pouvais percevoir chacun de ses sanglots et les tremblements qui parcouraient son corps. Ses mains sur son visage ressemblaient à un pansement dérisoire. Mon père s'approcha d'elle, raccrocha le combiné et s'effondra à son tour dans le fauteuil de l'entrée. Il baissa la tête et se mit à pleurer. Silencieux, terrifié, je demeurais immobile à l'entrée du corridor. En me tenant à distance de mes parents, j'avais le sentiment de retarder l'échéance, de me préserver encore quelques instants d'une terrible nouvelle dont je devinais pourtant la teneur. Je restais donc là, debout, en lisière de la douleur, la peau brûlante et l'oeil aux aguets, observant la vitesse de propagation du malheur, attendant d'être soufflé à mon tour.
Mon frère Vincent est mort le dimanche 28 septembre 1958 à Toulouse, en début de soirée. La télévision venait d'annoncer que 17 668 790 Français avaient finalement adopté la nouvelle Constitution de la Vème République."
Une vie française, Jean-Paul Dubois, Editions de l'Olivier, Collections Points, 401p.
Jean-Paul Dubois a reçu le Prix Fémina 2004 pour ce roman.
Jean-Paul Dubois brosse le portrait de français moyens avec pour personnage principal, Paul Blick, le narrateur. Des années 50 à 2002, on suit également l'évolution de la vie politique française avec son défilé de présidents, de De Gaulle à Chirac.
Paul Blick est sensé être un représentant typique de sa génération. Il passe une enfance morne entre des parents un peu éteints...connaît les joies de la "jouissance sans entrave" des années 70, épouse une femme chef d'entreprise d'un milieu plus aisé que le sien, se retrouve père au foyer. Il observe ses congénères d'un regard désorienté et désabusé, perplexe face à l'évolution du monde dans lequel il vit.
J'ai aimé les passages où Paul Blick se consacre à la photographie des arbres, où il parle de ses parents, de ses enfants... Son regard sur l'humanité est certes amer et désenchanté mais il n'est pas indifférent. Blick est simplement un humain comme les autres : impuissant, un peu lâche, il se débat comme il peut avec les tourments de la vie.
J'ai été moins touchée par les passages concernant la politique française. A vrai dire, je les ai survolés. Ceci dit, ça permet une petite révision sur les différents présidents qui ont dirigés notre pays et sur l'histoire récente de France en général.
Que dire d'autre sinon que ce livre a été pour moi un régal ? Jean-Paul Dubois possède une belle plume, il éclaire ses compatriotes d'une lumière à la fois triste, tendre et ironique.
Sans doute une de mes lectures préférées de cette année...
premières lignes : "Et ma mère tomba à genoux. Je n'avais jamais vu quelqu'un s'affaiser avec autant de soudaineté. elle n'avait même pas eu le temps de raccrocher le téléphone. J'étais à l'autre bout du culoir, mais je pouvais percevoir chacun de ses sanglots et les tremblements qui parcouraient son corps. Ses mains sur son visage ressemblaient à un pansement dérisoire. Mon père s'approcha d'elle, raccrocha le combiné et s'effondra à son tour dans le fauteuil de l'entrée. Il baissa la tête et se mit à pleurer. Silencieux, terrifié, je demeurais immobile à l'entrée du corridor. En me tenant à distance de mes parents, j'avais le sentiment de retarder l'échéance, de me préserver encore quelques instants d'une terrible nouvelle dont je devinais pourtant la teneur. Je restais donc là, debout, en lisière de la douleur, la peau brûlante et l'oeil aux aguets, observant la vitesse de propagation du malheur, attendant d'être soufflé à mon tour.
Mon frère Vincent est mort le dimanche 28 septembre 1958 à Toulouse, en début de soirée. La télévision venait d'annoncer que 17 668 790 Français avaient finalement adopté la nouvelle Constitution de la Vème République."
Une vie française, Jean-Paul Dubois, Editions de l'Olivier, Collections Points, 401p.
Jean-Paul Dubois a reçu le Prix Fémina 2004 pour ce roman.