la fausse veuve
En lisant la quatrième de couverture et en découvrant le sujet de ce roman, j'avoue que j'ai eu un peu d'appréhension. Florence Ben Sadoun était la maîtresse de Jean-Dominique Bauby. Pour mémoire, celui-ci a été victime du locked-in syndrome suite à un accident. C'est aussi l'auteur de Scaphandre et le papillon que je n'ai jamais eu le courage lire et dont un film a été tiré récemment. Complètement paralysé, il ne pouvait communiquer qu'en clignant un oeil. Dix ans après, elle relate les derniers moments passés avec lui, effectue des retours en arrière sur leur rencontre et leur liaison, évoque aussi sa propre enfance et sa famille. Cette lecture m'a laissé une impression mitigée. L'auteur s'adresse à Jean-Dominique Bauby, tantôt en le tutoyant tantôt en le vouvoyant, je n'ai pas compris pourquoi et ça m'a agacée. Elle règle ses comptes avec le milieu hospitalier, le personnel de l'hôpital de Berck (le "Vomi" !), qu'elle décrit comme des gens déshumanisés surtout intéressés par la célébrité du grand homme. Et puis surtout elle tente de reprendre sa place, celle de la dernière femme que Bauby a aimée et qui l'a aimé. Celle qui a été mise à l'écart puisqu'elle n'était pas la veuve "officielle".
Florence Ben Sadoun a une belle écriture, mais un peu décousue et un peu trop stylisée à mon goût. J'ai trouvé qu'elle abusait des effets de phrases, des métaphores... J'ai eu le sentiment qu'elle vidait son sac et se déchargeait de son amertume. Je n'ai pas détesté lire ce livre. Mes passages préférés sont ceux où elle parle de son enfance. Mais je n'ai pas vraiment été touchée, je n'ai ressenti d'émotion qu'à de rares moments.
extrait : "A partir du moment où j'entre dans votre chambre, je suis accrochée à votre regard comme Bernard à son Ermite. Il est vif, beau, intelligent et unique. Ils ne vous ont laissé qu'un oeil pour faire valoir que vous êtes là et pour vous défendre. L'autre, ils l'ont cousu. Pour toujours. Sauvagement, sans anesthésie. Je n'ai pas compris tout de suite que c'était pour toujours, mais j'ai pleuré beaucoup ce jour-là. Vous ne m'avez plus jamais regardée avec vos deux yeux, plus jamais caressée même du regard.
Je t'appartiens à ce premier clin d'oeil et ne fais plus jamais le moindre geste sans vous quitter des yeux, en restant le plus possible dans le champ étroit de votre vision. Ce fil qui nous unit et qui te relie surtout à la vie est d'une puissance insoupçonnable. Vous m'accrochez avec votre oeil aussi violemment que vous pouviez me prendre dans un lit. Quand tu me disais fermement "Ne bougez plus !"
La fausse veuve, Florence Ben Sadoun, Denoël, 107p.
Cathulu, Lo et Frisette l'ont lu aussi
Merci à Violaine de Chez les filles et aux Editions Denoël pour cette lecture.