désert américain

Publié le par Clarinette

d--sertam--ricain.jpgTed est sur le point de se suicider quand un camion lui rentre dedans, sa tête est arrachée. Puis elle est grossièrement recousue... Pendant les obsèques, il se redresse soudain et se lève de son cercueil. S'ensuit une série de péripéties aux cours desquelles il ouvre les yeux sur ses concitoyens et sur lui-même...Sa "résurrection" le rend en quelque sorte "extra-lucide" et  Ted qui se voyait comme un raté de fait le bilan de sa vie passée et réfléchit sur sa vie de couple et de famille.
Ce roman est une réflexion sur le sens de la vie et de la mort : à partir de quel moment est-on mort ? Comment la mort est perçue par la société ?
Car Ted n'est ni vivant ni mort. Certains le prennent pour un Messie, d'autres pour le Diable en personne. C'est l'occasion pour Percival Everett de se moquer  des sectes et fanatiques de tout poil.
Mais c'est aussi un prétexte pour passer en revue les tares et les angoisses qui tourmentent les américains.  Le tout sur un rythme effréné...
Un roman écrit dans un style plutôt drôle, enlevé et plaisant à lire. Ca pourrait faire un bon film...Ca m'a fait un peu penser à du John Irving mais en moins bien. Ca va un peu trop vite, il manque, à mon goût, une petite dose d'audace et de profondeur. Pas inoubliable, donc...

extrait : "Le choeur entonna un chant intitulé,  Ce chemin qui nous mène au Seigneur Jésus-Christ, Notre Sauveur, tandis que l'assemblée debout, missels ouverts, articulait des paroles en silence, et  que s'échangeaient des regards stupéfaits. C'est alors, dans l'harmonieuse vibration de l'ultime amen, que Théodore Larue se redressa dans son cercueil. Un silence incompréhensible, quoique de courte durée se fit dans l'église. Emily Larue poussa un cri et, agrippant sa mère, tenta de se hisser dans ses bras, tandis que sur la bouche de Perry Larue se formaient en continu les syllabes "pa-pa". Gloria Larue s'évanouit mais resta figée debout, les yeux écarquillés. Sa soeur s'enfuit vers la porte, prit se grands pieds dans le tapis  rouge presque au bout de l'allée et vint rouler aux pieds d'un aveugle, robe par dessus tête. Orville Orson se mit à lâcher des pets à répétition, le doyen à prier à voix haute. Dame  Beowulf  saisit dans son sac la bombe au poivre dont son fiancé lui avait fait cadeau. Face tournée vers le plafond de la Première Eglise chrétienne du Sang sacré et de l'Esprit éternel, Larville Cène leva les mains au ciel et se mit à crier, "Seigneur Jésus-Christ ! Seigneur Jésus, Mon Dieu ! Alléluia ! Un miracle dans mon église ! Dans ma maison de Dieu à moi !  Jésus ! Jésus ! Jésus !
Puis la chorale à l'unisson se mit à clamer : "Jésus ! Jésus ! Jésus !"
Parmi les clameurs, les cris et les pets, Ted Larue sortit de son cercueil et fit face à l'assemblée. Son pantalon s'étant trouvé être juste à la taille du sieur Sandre, il était nu à partir de la ceinture, ses organes décrivant devant lui un courbe élégante."


smil-titcoeur.gifDésert américain, Percival Everett, Editions Actes Sud, Collection Babel, 317p.

L'avis d'Allie
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C
Je l'emmène en vacances va si mon sac n'est pas trop lourd! Je l'ai sous la main!! Ce serait dommage de passer à côté après un tel commentaire!!
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A
J'ai beaucoup aimé cette lecture! Tellement que j'ai bien envie de découvrir d'autres livres de Percival Everett!
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F
J'ai dans ma PAL "Effacement" et je n'arrive toujours pas à me décider avec cet auteur !
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C
J'ai découvert ce livre par hasard dans une librairie où il était chaudement recommandé, je ne sais si je me laisserai tenter une deuxième fois par cet auteur...
C
Le sujet est original, je me laisserai peut-être tenter !
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