Angel
Je n'ai jamais vraiment été déçue par un film de François Ozon, que ce soit Sous le sable (mon préféré), Huit femmes, 5x2. Dans chacun de ses films il sort des sentiers battus et y apporte à chaque fois une touche originale.
Il s'agit là du premier film "hollywoodien" de François Ozon. J'étais un peu inquiète et j'ai eu peur de me retrouver devant une comédie romantique à la sauce américaine. Et c'est vrai qu'au début tous les ingrédients sont là. Au début du XXème siècle, Angel est une jolie jeune fille ambitieuse et capricieuse (une vraie tête à claque !), elle est élevée par sa mère qui tient une petite épicerie mais rêve de gloire et de richesse. Elle écrit avec passion des romans à l'eau de rose et réussit un jour à se faire publier. Son rêve commence alors à se réaliser.
Heureusement, François Ozon manie bien le poil à gratter, il évite les clichés et la mièvrerie, ou plutôt s'il s'en sert et même les amplifie, c'est pour mieux se moquer. On ne peut que sourire devant les robes froufroutantes d'Angel et la déco kitschissime de sa maison.
Tout au long du film comme Charlotte Rampling, "la femme de l'éditeur" on est partagé entre l'agacement, le mépris, la pitié...Au début du film, je l'ai trouvée carrément insupportable et je me suis dit que j'allais trouver le temps long. Angel n'est pas un personnage sympathique. Pour arriver à ses fins, elle fait parfois preuve d'un égoîsme et d'une indifférence révoltants. Mais en même temps on ne peut s'empêcher parfois d'être touché par sa ténacité, par sa candeur et par sa naïveté aussi. Bref on n'arrive ni à l'aimer ni à la détester tout à fait. Et Ozon a un regard très ironique sur son personnage. Angel est totalement inculte, "déteste lire", ne se documente jamais pour écrire ses romans, situe leur action en Grèce ou en Italie sans y avoir jamais mis les pieds et pourtant, elle deviendra un écrivain à succès, une "Barbara Cartland" en quelque sorte et mettra tout le monde à ses pieds.
Un film sur l'ascension sociale fulgurante d'une fille partie de rien qui par la force de son imagination débordante se fabriquera un monde de rêve illusoire et éphémère. Jusqu'à la fin je me suis demandé si Angel était carrément géniale ou complètement stupide...
Un film qui m'a fait osciller entre des sentiments contradictoires. C'est peut-être ce que cherchait François Ozon ?
Angel, de François Ozon avec Romola Garai, Lucy Russell, Michael Fassbender, Sam Neill, Charlotte Rampling...