la tache

Publié le par Clarinette

Coleman Silk est le doyen d'une université. Accusé de racisme pour un mot de trop envers des étudiants noirs, il démissionne de son poste. Sa femme décède peu de temps après. Il prend alors pour maîtresse une femme de ménage prétendument illettrée...
 
Difficile de résumer ce roman complexe en quelques lignes. J'ai failli abandonner plusieurs fois et j'avoue que j'ai lu certains passages en diagonale. Ce n'est qu'arrivée vers la moitié que  mon intérêt a commencer à se réveiller et que j'ai commencé à comprendre. Le sujet est pourtant passionnant, celui du racisme aux Etats-Unis. Mais la lecture de ce livre m'a demandé un certain effort. Philip Roth brouille les pistes, fait des détours avant de montrer où il veut en venir.

Petit à petit, on en apprend un peu plus sur Coleman et on comprend que, bien qu'étant blanc de peau, lui-même a des origines noires, et que, malgré ses efforts pour la cacher et la nier, sa "négritude" lui colle à peau comme une malédiction, une "tache", et qu'il en a souffert. Les passages qui m'ont paru les plus intéressants sont d'aileurs ceux où il est question des situations douloureuses, parfois absurdes, auxquelles il a été confronté, où l'on apprend que l'on peut être blanc de peau mais être victime de racisme parce que l'on a un ancêtre noir...

Le livre démarre au moment de l'affaire Lewinsky. Au passage, Philip Roth en profite pour critiquer une Amérique sectaire, conservatrice, conformiste et puritaine.

Un livre écrit par un écrivain brillant -peut-être un peu trop- mais il s'en dégage une certaine froideur. Philip Roth a sans doute voulu prendre de la distance avec son sujet et éviter les émotions faciles (le personnage de Coleman n'est pas forcément attachant) mais du coup, j'ai trouvé qu'il manquait à son roman une petite touche de chaleur et d'humanité. J'ai été agacée par son style que j'ai trouvé parfois trop ampoulé ou alambiqué. J'ai eu l'impression qu'il se "regardait écrire", qu'il cherchait à faire une démonstration...

Mais, tout compte fait, j'ai fini par trouver du plaisir à lire ce livre parce que la réflexion est intéressante. En m'accrochant un peu j'ai même aimé certains passages...

premières lignes : " A l'été 1998, mon voisin, Coleman Silk, retraité depuis deux ans, après une carrière à l'université d'Athena où il avait enseigné les lettres classiques pendant une vingtaine d'années puis occupé le poste de doyen les seize années suivantes, m'a confié qu'à la l'âge se soixante et onze ans il vivait une liaison avec une femme de ménage de l'université qui n'en avait que trente-quatre. Deux fois par semaine, elle faisait aussi le ménage à notre poste rurale, barque de planches grises qu'on aurait bien vu abriter une famille de fermiers de l'Oklahoma contre les vents du Dust Bowl à l'écart de tout, solitaire, fait flotter son drapeau américain à la jonction des deux roues délimitant le centre de cette petite ville à flanc de montagne."








La tache
, Philippe Roth, Editions Gallimard, 442p.

la critique de Lorraine
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G
Bonsoir Clarinette,Je n'ai tout simplement pas réussi à aller au bout du roman. Pour une fois que je n'achetais pas un livre de poche...
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C
Comme toi, je trouve que le livre dégage une certaine froideur. J'ai eu du mal à m'attacher au personnage de Coleman Silk. Même si La tâche est sans conteste un roman brillant, il ne m'a pas emballé.
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C
Tout à fait d'accord avec toi Caroline !
L
Extraordinaire livre d'une richesse incroyable et qui ne nous laisse pas indemne.Quel créaueur que Philip Roth!
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